Hé oui, je suis de retour de Jacmel. Cette fois-ci, j'ai décidé de vivre une toute autre expérience... une expérience d'aventure!!! (du moins, pour moi, c'est une première aventure ici où je ne serai pas encadré du tout et où je pourrai entrer un peu plus dans me monde des Haitiens.)
Jeudi, je quitte à nouveau pour Jacmel... mais cette fois-ci, j'y vais en avion. C'est la première fois de ma vie que je prends la voie des airs dans un petit avion.
Lors de mon survol des montagnes haitiennes, je prends quelques clichés... quelle belle vue!
Le court vol d'une quinzaine de minutes tire à sa fin et nous atterrissons à l'aéroport de Jacmel.
Je vais rejoindre des collègues qui déjeunent au restaurant et le chauffeur me laisse à l'hôtel où je logerai pour trois nuits. Franchement, j'aurais pu y aller à pied, c'est à un coin de rue de l'aéroport.
Ce Motel compte 5 chambres (j'aurai des voisins pour une nuit, mais je serai le seul client pour les deux autres). Les chambres sont grandes... le seul hic, c'est que je devrai prendre ma douche à l'eau froide car il n'y a pas d'eau chaude... mais bon, on s'habitue!
Le prix 1500 gourdes la nuit, incluant le déjeuner. (1$CND = 30 gourdes) (1$USD = 40 gourdes) (environ, alors vous pouvez faire le calcul). Devant ma chambre, j'ai un petit balcon avec une table et deux chaises. On m'y servira mon petit déjeuner chaque matin.
Le menu du petit déjeuner est:
- omelette au jambon ou au hareng
- pâtes au jambon ou au hareng
- foie en sauce avec bananes pesées
- oeuf bouilli avec jambon.
(en passant, pour l'omelette ou les pâtes, vous ne choisissez pas si c'est au jambon ou au hareng, vous demandez les pâtes et on vous apporte votre déjeuner). (et vous devez parler le créole... j'ai donc eu un peu de difficulté, mais tout a bien été.) (j'opterai donc pour l'omelette à deux reprises et une fois pour les pâtes... à l'ail et au jambon... je n'ai pas réussi à me convaincre de goûter au foie en me levant le matin... )
La chambre est spacieuse... tant mieux car je la partage avec un nouvel ami que je surmonne "Edouard" (je ne sais pas pourquoi). Il vit dans la salle de bain, alors je le laisse tranquille (mais je m'assure qu'on ne partage pas l'utilisation des "facilités"!)
L'hôtel comporte aussi un restaurant.
Je suis allé à Jacmel pour profiter du calme, de la paix, de la tranquilité, de la plage, du bruit des vagues... loin de la ville. Et j'ai décidé d'être autonome dans mes déplacements autant que possible.
Alors, je dépose mes choses à l'hôtel. Et je suis prêt pour l'aventure. Gardez à l'esprit que je ne suis pas intrépide, je ne suis pas une personne brave qui fonce tête baissée, mais je veux vivre une expérience spéciale. Je décide de passer trois jours à Ti-Mouillage. J'y connais un bon restaurant (Pastra Nostra), la plage est belle et c'est tranquille... mais c'est loin de Jacmel. Il faut 20 minutes de voitures pour m'y rendre. Alors je vais sur la rue, armé de mon sac de plage contenant un livre, un costume de bain et un serviette et je hèle un taxi-moto.
Un taxi moto, c'est tout simplement une mobilette ou une petite moto qui agit comme taxi. On négocie le prix de la course et on monte à bord. Je me suis préalablement informé du prix normal pour aller à Ti-Mouillage... 50 gourdes. Je négocie avec un taxi et je suis en route. Déjà, une nouvelle expérience. Je dois vous dire que j'avais avisé le jeune homme que c'est ma première expérience de taxi-moto et il a été très chic. Il a fait attention tout le long de la course.. il a été très gentil. Je lui ai donc donné 75 gourdes au lieu de 50. Je pense que sa prévenance valait au moins 25 gourdes! Et c'était le prix de base qu'il me disait charger au client. (comme base de négociation, bien entendu)
Finalement, je vais à la plage, mais au bout de quelques temps, je me transporte au restaurant prendre une bière. Il n'y a pas d'autre client qui moi, alors je discute un peu avec Ruth, la propriétaire et avec son jeune frère, Louis. Je prends donc une bière tranquillement en lisant un livre sur Haiti.... La journée passe. Je m'arrête quelques minutes pour profites du moment. Mes sens sont tous stimulés... le goût (une bonne Prestige, bière locale délicieuse), le toucher (il fait une douce chaleur agréable), l'ouie (le bruit des vagues me berce) la vue (quelques palmiers et le bleu de la mer) et l'odorat... cette odeur particulière de la mer.
Voici la vue du restaurant....
Le temps file et je vois qu'il est l'heure de souper. Alors je déguste un excellent plat de pâtes à la langouste. (Aragosta, je crois)
Le soleil se couche... (la photo est un peu floue, mais ca donne une idée générale)
Vers huit heures, il fait nuit noire en raison des nuages... il me faut retourner chez moi. Alors je découvrirai les joies du Tap-tap, qui est le mini-bus haitien par excellence. Je n'avais jamais fait l'expérience du tap-tap. Je sais que lorsqu'il approche, on lui fait signe et on y entre. Lorsqu'on veut en sortir, il y a soit une clochette ou quelque chose du genre pour indiquer au chauffeur qu'il est temps d'arrêter. Celui que j'ai emprunté fonctionne sur un principe simple, on tape sur le bord du véhicule et la personne qui est assise au fond (donc derrière le chauffeur) cogne sur la vitre qui est derrière la tête du chauffeur pour lui indiquer d'arrêter. En l'occurrence, cette personne était ... moi. Alors lorsque quelqu'un indiquait vouloir débarquer, j'avisais le chauffeur.
À l'arrière du véhicule, un homme est debout et collecte les passagers à leur sortie du véhicule. (en général, on paie directement au chauffeur ou à un passager qui l'accompagne). Lorsqu'on a payé, l'homme debout derrière crie au chauffeur "Ale Ale Ale" (prononcer alé alé alé). Et on repart.
Évidemment, vous comprendrez que c'est ma nouvelle amie Ruth qui m'a tout expliqué et qui est montée avec moi dans le tap tap. Elle débarque environ 10 minutes avant moi, mais pas sans m'avoir expliqué à maintes reprises que je dois taper sur la vitre derrière le chauffeur pour qu'il s'arrête... on dirait qu'elle se sent responsable de ma sécurité. J'ai remarqué que les Haitiens que j'ai rencontré ont des qualités admirables... notamment, ils sont très accueillants, mais aussi, très protecteurs...
Alors je rentre à la maison, sans problème. (prix total de la course.... 15 gourdes) Je prends un petit verre de rhum sur ma terrasse et je me couche. Quelle belle journée...
Bon le lendemain matin... je me prépare et après avir déjeuné, je hèle un taxi-moto et me voilà en route pour la plage. J'y arrive mais la mer est mauvaise, les vagues sont fortes et pas vraiment moyen de se reposer sur la plage, alors je vais prendre un verre chez Pastra Nostra (finalement, j'y ai passé presque tout mon séjour!!). Durant l'après-midi, il n'y a pas de client, alors je suggère à Ruth de jouer au cartes... pourquoi pas. (J'ai toujours pensé que le jeu de société est un bon moyen de communication entre des personnes qui ne parlent pas vraiment la même langue.) Elle envoie un petit garçon acheter un jeu de cartes (20 gourdes) et nous jouons aux cartes. Des clients arrivent, alors elle reprend son travail. Pour souper... je mange du poisson rose avec des pommes frites qui sont délicieuses. N'oubliez qu'ici, tout est fait main. C'est un peu plus long, mais c'est drôlement bon!!!
Voici la terrasse du restaurant Pastra Nostra (de fait, le restaurant est, en soi, une terrasse):
Le restaurant n'a pas d'électricité depuis une semaine... alors le soir, il est éclairé au fanal et à la lampe à l'huile. Je suis seul à ma table (la petite table carrée que vous voyez sur la photo), je suis éclairé par une lampe à l'huile accrochée au plafond et je fais un jeu de patience en dégustant un excellent Rhum Sour (en fait, le meilleur que j'ai bu). Alors, imaginez vous la scène précédemment décrite... et accompagnez cette image du bruit des vagues qui vous berce. Vous comprendrez alors la sensation que j'ai vécue ce soir-là.
Je me suis arrêté de jouer quelques secondes pour savourer ce moment... je suis à HAITI, sur le bord de la mer, je fais un jeu de patience à la lumière d'une lampe à l'huile en buvant un Rhum Sour et en me laissant bercer par le bruit des vagues... je n'en reviens toujours pas... Admettez avec moi que ce n'est pas l'image que les médias véhiculent de ce beau pays.
Ho! trêve de rêveries, on m'informe que c'est l'heure de partir, le restaurant ferme ses portes. Il est environ 9h30.
En passant, pour ceux qui s'interroge sur comment un restaurant peut survivre sans électricité durant si longtemps... hé bien, voilà, on cuisine au gax ou sur un feu de bois et on achète la glace au village qu'on transporte et qu'on conserve dans une glacière toute la journée.
Je quitte donc, mais ce n'est pas un tap tap qui me ramasse, c'est tout simplement un pick up ordinaire qui fait le taxi... cette fois-ci, je vis encore une expérience gravée dans ma mémoire... imaginez que vous êtes dans la boîte d'un camion, le vent caresse vos cheveux (ou dans mon cas, le crâne), vous roulez sur une route de campagne en pleine nuit (donc pas de lampadaire), et la pleine lune est votre source de lumière. La température est parfaite, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid... Je n'aurais jamais rêvé pouvoir vivre ça!!! En tout cas, pour moi, c'est nouveau.... et je réalise que dans le fond c'est ce sentiment de liberté totale qui me fait plaisir.
J'arrive à l'hôtel, il n'y a pas de courant (je vous jure que je réalise de plus en plus qu'il ne faut pas prendre l'électricité pour acquise). Et de surcroît, je trouve le moyen, en entrant dans ma chambre et en déposant quelque chose sur ma table de chevet, de casser un verre sur le plancher de céramique... je me retrouve donc à quatre pattes par terre, avec ma lampe frontale comme source d'éclairage à ramasser de la vitre avec un coussin pour la pousser dans un coin jusqu'au lendemain... dommage que je n'ai pas pu prendre de photo de ca!
Alors la jeune fille qui fait les repas et le ménage vient me porter une lampe à l'huile. Je place la lampe dans ma chambre, et je m'installe pour déguster un petit rhum à la lumière que me procure la pleine lune.... et je me couche. (en passant... pour ceux qui ne connaissent pas le Barbancourt, je crois qu'il est temps que de corriger cette lacune... vous ne le regretterez pas )
Le lendemain, j'ai un nouvel ami: (que je n'ai pas nommé)
Je retourne en taxi moto à Ti-Mouillage, mais cette fois-ci, je vais à la mer avec des amis de Jacmel qui sont venus s'y baigner. Nous mangeons en groupe chez Pasta Nostra et le Rhum Sour est, comme toujours, délicieux. Je repartirai cette fois-ci avec mes amis Jacméliens et le chauffeur.
On me laisse à mon hôtel et je me couche... c'est ma dernière nuit à Jacmel et je dors bien. Malgré la chaleur qui règne dans la chambre, le lit confortable et le silence est vraiment apprécié. Mes nuits sont longues (environ 8 heures par nuit).
J'ai passé trois jours à me reposer sur le bord de la mer et je me sens serein.
Dernière journée: je passe saluer Ruth brièvement pour la remercier de son accueil chaleureux et je rejoins mes collègues à la plage de Raymond les Bains. Alors ici, il y a foule. Alors qu'à Ti-Mouillage, la plage était presque déserte, ici, c'est l'activité. Les jeunes jouent au foot sur la plage, les gens dégustent le lanbi ou le poisson grillé... Quelqu'un m'informe que les Haitiens préfèrent Raymond les Bains à Ti-Mouillage car il semblerait que les courants à Ti-Mouillage sont trop dangeureux.
Alors, je passe donc l'après midi à Raymond les Bains et, par la suite, on me reconduit à mon hôtel. Je prendrai l'avion un peu plus tard. L'avion a plus d'une heure de retard, mais les haitiens qui attendent avec nous racontent des histoires, des blagues et tout le monde rit. Bon, vous pouvez imaginer que je ne peux pas toujours rire avec eux, car je ne comprends pas tout! Mais j'en comprends assez pour rire un peu.
Et je suis de retour à Port-au-Prince.... la grande ville. Je réalise alors que mon séjour à Haiti tire à sa fin.
Je tenais à partager avec vous cette expérience que je considère merveilleuse afin de vous montrer un autre visage d'Haiti. Un visage où un étranger qui ne parle pas vraiment la langue peut se débrouiller seul, où les gens sont amicaux, où vous pouvez vivre de magnifiques expériences en toute sécurité et où des amitiés peuvent se créer.
Mes amis lecteurs, je tente de vous dresser un tableau fidèle de ce que je vis ici et j'espère que mes quelques commentaires vous permettront de changer un peu votre vision de ce beau pays. (et pour ceux qui pensent que je déguste du rhum en vous écrivant... détrompez-vous, ce soir, je suis à l'eau...)
En passant, petit détail, mais qui peut devenir assez important: Port-au-Prince est une grande ville, on y accepte les gourdes, les dollars américains et, à bien des endroits, les cartes de crédit... ce n'est pas le cas de Jacmel (ou de d'autres petites villes), alors si vous décidez de vous promener, prévoyez assez de gourdes et apportez quelques dollars américains si vous voulez pour vous rassurer....
À bientôt!
Babay tout moun